La résistance comme héritage : Andreas Landeck et la quête d’une humanité partagée 

14:51 - May 27, 2025
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IQNA-Andreas Landeck, cinéaste franco-allemand, s’impose aujourd’hui comme une figure singulière du documentaire politique et humaniste.

Selon PressTV, récompensé au Festival international des médias Sobh à Téhéran pour Un père, un fils et Sankara, il livre une œuvre saisissante, fruit de dix années de tournage entre l’Algérie, le Niger, la France et l’Allemagne. Le film explore l’intimité de trois hommes confrontés à des formes d’oppression systémiques – capitalisme, colonialisme, racisme – tout en dévoilant la force d’un lien filial, véritable allégorie de la transmission intergénérationnelle du combat pour la justice.

Pour Landeck, la résistance n’est pas un mot figé dans l’histoire. Elle est une énergie intérieure, un mouvement humain fondamental qui émerge face à l’injustice. « Chacun a le potentiel de résister, s’il trouve en lui le chemin vers cette énergie », affirme-t-il. Mais conscient de sa position de cinéaste issu du Nord, il refuse de parler au nom de ceux qui ont été colonisés. Son regard, ancré dans une éthique de l’écoute et du respect, passe par une relation profonde avec Bouzid, un ancien moudjahid algérien devenu pour lui un père spirituel. Ce lien, tissé dans la durée, donne au film sa puissance émotionnelle et politique.

La relation entre Andreas, Bouzid et le fils du cinéaste dépasse les clivages culturels, religieux ou nationaux. Elle devient un foyer d’affection, d’apprentissage et de reconnaissance mutuelle. Le documentaire, loin des schémas binaires, propose ainsi une vision universelle de la résistance, enracinée dans l’expérience partagée et l’amour désintéressé.

Mais ce regard sans compromis a un prix. En France, Un père, un fils et Sankara n’a été sélectionné par aucun festival. « J’étais un Allemand racontant aux Français ce qu’ils avaient fait en Algérie. Ça ne passerait pas », lui avait prédit un confrère. Pourtant, le film, comme son auteur, ne cherche ni la provocation ni la revanche. Il appelle simplement à regarder en face : l’histoire, les blessures, les responsabilités.

Landeck évoque aussi les silences, les deuils invisibles, les douleurs transmises d’une génération à l’autre, comme celles des Harkis ou des Allemands déplacés après 1945. Il ne hiérarchise pas les souffrances mais insiste sur la nécessité de les écouter toutes, de les comprendre, pour enfin bâtir un récit commun.

« La révolution extérieure n’a de sens que si elle s’accompagne d’une révolution intérieure », dit-il, faisant écho à une compréhension profonde de la spiritualité islamique. C’est cette lutte intérieure, ce djihad personnel, qui donne sens et consistance à toute transformation collective.

À travers Un père, un fils et Sankara, Andreas Landeck ne signe pas seulement un film sur la résistance : il en fait un geste de transmission, une œuvre de mémoire vivante, un acte d’amour politique. Un film qui, en creux, nous interroge : à quoi tenons-nous quand nous résistons ? Et que transmettons-nous quand nous refusons l’injustice ?

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